Dominique Blanc

Il m’arrive de croire que certains artistes ne se complaisent que dans le travail. S’habiller chaque jour d’un personnage, jouer avec lui en interprétant un rôle offert… Dominique Blanc en est une preuve tangible ! Cette actrice, née à Lyon en 1956, enchaîne les scénarios et les représentations théâtrales, d’une façon déconcertante. Reconnue meilleure actrice française des années 1990 et 2000, elle est lauréate de 4 Césars, 2 Molières et d’une Coupe Volpi. En 1998 et 2010, Dominique Blanc se voit attribuer deux Molières de la Meilleure Comédienne. En 2008, elle remporte un prix d’interprétation à Venise pour son interprétation dans l’Autre (Patrick Mario Bernard & Pierre Trividic). Dans la catégorie drame et films à costume : elle excelle ! Au théâtre : elle triomphe ! Rencontre avec une actrice débordant d’énergie et de talent, j’ai nommé Dominique Blanc.

Vous êtes-vous prédestinée très tôt à cette carrière artistique ou est-ce le hasard qui a décidé pour vous ?

À 10 ans, j’avais déjà une grande ambition, je voulais être metteur en scène. Puis, vers 15/16 ans, je me suis inscrite dans une école d’art dramatique. Ensuite, j’ai voulu devenir psychiatre, mais me suis tournée vers l’architecture. La suite vous la connaissez ! On ne peut pas renier ses premières amours.

Quels sont vos acteurs de référence et vos films cultes ?

Mes acteurs de référence restent indéniablement Clint Eastwood, Paul Newman (metteur en scène méconnu) et Robert Redford (artiste complet). Et pour la partie féminine, je vous citerai Meryl Streep et Gena Rowlands. Que des américains ? Oui, j’en conviens.

Mon film culte ? Certains l’aiment chaud avec Marilyn Monroe, Tony Curtis et Jack Lemmon.

Patrice Chéreau tient une place importante dans votre carrière professionnelle. Représente-t-il le moteur de votre parcours ?

Non, absolument pas. Mais il est vrai qu’il est le premier metteur en scène à m’avoir fait confiance. Je ne l’oublierai jamais. Il m’a offert six rendez-vous magiques à travers le cinéma et le théâtre : des rencontres fortes et fertiles à chaque fois. Le fait d’avoir appris à travailler sans lui, était un atout majeur à ses yeux, j’en reste convaincue.

Cinéma, Théâtre, vous jonglez de l’un à l’autre avec aisance. Sont-ils complémentaires ou diamétralement opposés au niveau du travail et du ressenti ?

Ils sont diamétralement opposés.

Au théâtre, vous maîtrisez un texte, une technique et vous communiez avec votre public à chaque représentation. Ce partage vous renvoie des émotions très fortes, tout au long du jeu et du salut.

Alors qu’au cinéma, vous vous retrouvez en vase clos, encadré par toute une équipe. Vous déversez alors des émotions beaucoup plus spontanées.

Longtemps cataloguée « second rôle », mais récompensée néanmoins pour vos excellentes prestations dans Milou en Mai (Louis Malle), Indochine (Régis Wargnier) puis Ceux qui m’aiment prendront le train (Patrice Chéreau), vous remportez cependant le César de la meilleure Actrice en 2001 pour Stand by (Roch Stéphanik). Quelle victoire ! Les professionnels vous ont-ils envisagé différemment, dès lors ?

Il est vrai que le regard des gens a changé. Je n’étais plus l’éternel « second rôle », mais envisagée alors comme une actrice à part entière. Je l’ai surtout ressenti auprès des journalistes qui se mirent à m’aborder différemment.

Votre actualité est chargée cette année encore ! Au théâtre de l’Atelier, vous interprétez « La Douleur » de Marguerite Dumas, et ce depuis 2008, mise en scène par Patrice Chéreau. Depuis toutes ces années, les émotions de M., le personnage que vous incarnez, n’ont-elles pas une emprise sur vous ?

Non, il n’y a aucune confusion possible entre M. (cette femme) et moi, même si la pièce est très éprouvante. Nous avons eu la chance de nous produire au Japon, au Vietnam, au Brésil et dans de nombreux pays d’Europe. Une très belle aventure, qui je l’espère, va perdurer encore longtemps.

Au cinéma, nous vous verrons très prochainement dans le film de Joël Farges, « J’irai au pays des Neiges ». Une merveilleuse adaptation de la vie d’Alexandra David-Néel (1868-1969) indépendante, curieuse, audacieuse, avide de voyages et de cultures diverses, qui retranscrira ses périples à travers une œuvre littéraire considérable. Qu’est qui vous a séduit dans ce rôle ? Pourriez-vous nous annoncer sa date de sortie ?

Je connaissais déjà la vie d’Alexandra David-Néel, cette très grande journaliste devenue écrivain, au parcours atypique. Convertie à l’âge de 19 ans, elle était très reconnue dans le milieu bouddhiste, auquel elle appartenait. Alors comment ne pas être séduite par ce rôle d’exploratrice du Tibet, en tournant dans l’Himalaya ? La sortie du film est annoncée début 2012.

Pour France Télévisions, vous avez également participé au film « Un autre monde » de Gabriel Aghion, retraçant l’histoire des engagés indiens à la Réunion peu avant la Première Guerre Mondiale, dont la diffusion est prévue en fin d’année. À vos côtés, Claude Brasseur, Samuel Labarthe, Jean-Emmanuel Pagni et Mati Diop. Changement de décor, de climat et d’ambiance puisque le tournage a lieu sur l’île même, en costumes d’époque, ce qui n’était pas pour vous déplaire… Parlez-nous un peu de ce film, des conditions de tournage, de l’ambiance sur le plateau…

Le scénario m’a vraiment interpellé. C’est une fiction dans laquelle on aborde le sujet délicat du trafic des esclaves. L’ambiance du tournage fut excellente, et quel plaisir de partager l’affiche avec Claude Brasseur, il est si drôle ! Quant au port du corset, les conditions climatiques nous obligeaient à ne pas trop nous mouvoir, afin qu’il devienne supportable.

La sortie de ce téléfilm, qui risque d’ailleurs d’être diffusé au cinéma, est annoncée pour la fin de l’année.

De vous à nous ! La fatigue est un mot inexistant dans votre quotidien ? Comment faites-vous ? Craignez-vous que les propositions de rôles vous échappent avec le temps, pour en faire une telle boulimie ?

Il est vrai que la fatigue est là, mais que je ne la ressens jamais vraiment. Mon métier est si passionnant, et j’ai la chance de recevoir tant de propositions. Pourquoi m’en plaindre ?

Au cours de votre carrière, vous est-il arrivé de rejeter des propositions de scénario ?

Je l’avoue. Je suis très sélective et refuse tout scénario que je ne ressens pas ou qui m’apparaît comme non abouti ou mal ficelé. J’ai une chance incroyable dans mon métier : j’ai la possibilité d’accepter ou de refuser.

Dans quel domaine ne vous êtes-vous pas à ce jour réalisé ? Avec qui aimeriez-vous travailler ?

Dans un futur proche, je souhaiterais réaliser un nouveau documentaire, comme je l’avais fait à l’occasion du Festival Letton en France, en 2005, et que j’avais consacré à Sandra Kalniente, « La dame de Lettonie ». Cette rencontre et cette discipline nouvelle m’ont révélé une autre facette de mon approche cinématographique. Le projet abouti, j’en fus ravie.

D’autre part, j’aimerais beaucoup travailler avec Alain Resnais et de jeunes réalisateurs aussi, pourquoi pas ?

À bon entendeur !

Merci Dominique et à très vite sur scène, sur nos toiles ou nos plasmas !

Informations

Articles similaires

Bernhoft

Bernhoft est un jeune artiste norvégien dont le premier single Cmon talk a séduit la France ces dernières semaines, et pas que… En effet, la vidéo de ce titre a tourné partout dans le monde et comptabilise plus de deux millions de vues. Son album “Solidarity breaks” tourne en boucle depuis que nous l’avons reçu ! “Sing hello & some more”, “Choices”, “Good Intentions” sont nos coups de coeur (et des futurs tubes en puissance, on est en sûr) et le reste de l’abum regorge de jolies surprises musicales. A l’occasion de son passage à Paris, nous en avons profité pour rencontrer Bernhoft afin d’en savoir plus sur lui et de le faire poser devant l’objectif de notre photographe.

Lire

Thirty Seconds to Mars

Il y a des artistes qui dégagent une telle aura, que lorsqu’ils entrent dans la pièce, tout le monde se fige. 13 heures sonnent aux portes de l’Hôtel Murano, au design futuriste détonnant avec l’esprit du quartier. Un peu anxieuse, l’équipe de Pose Mag se tient prête à recevoir le groupe Thirty Seconds To Mars pour réaliser séance photo et interview. Les rires nerveux fusent. Puis soudain, chacun à leur tour, les membres du groupe arrivent. Jared Leto est le dernier à faire honneur de sa présence. Et là, biiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiip… Suite à une crise de groupisme aggravé, déclenchée par un clin d’oeil de Jared Leto, nous avons dû censurer les propos tenus par Cécilia Rowe en introduction. Veuillez nous excuser pour la gêne occasionnée.

Lire

Alysson Paradis

Vous l’avez bien compris, il ne suffit pas d’être la fille ou la sœur « de » pour s’imposer dans le monde artistique. Alysson, qui n’est autre que la sœur de Vanessa Paradis, ne doit son talent qu’à elle-même. Battante, elle mène son propre combat au théâtre, comme au cinéma. A chacun son destin ! Son bac en poche, Alysson monte à Paris avec un objectif en tête : suivre des cours de théâtre. S’ensuivront des tournages de courts et moyens métrages, jusqu’au jour ou Rodolphe Marconi lui offre un rôle dans « Le dernier jour », aux côtés de Gaspard Ulliel et Mélanie Laurent. Depuis, elle a tourné pas moins de sept films dont « A l’intérieur » avec Béatrice Dalle, de Julien Maury et Alexandre Bustillo, dans lequel elle obtint le rôle principal (en sélection à la Semaine de la Critique à Cannes en 2007). Rappelons également « Thelma Louise etChantal » de Benoît Petré, « Camping 2 » de Fabien Onteniente et « L’enfance d’Icare » d’Alexandre Lordachescu. Pour l’heure, nous aurons tout loisir de la retrouver dans la série télévisée « QI » d’Olivier de Plas, diffusée sur Orange Cinémax. Elle y incarne Candice, une jeune star du X qui décide de mettre un terme à sa carrière afin de suivre des études de philosophie. « Une série qui va du corps vers l’esprit ! » Jusqu’au 14 avril, elle était au Théâtre l’Archipel où elle jouait dans « Salle de Profs » de Samia Webre, mis en scène par Samy Berry, aux côtés d’Audrey Garcia et Yannick Mazzilli.

Lire